C’est un véritable séisme pour le secteur du chanvre européen. En Italie, le gouvernement vient d’adopter un décret-loi interdisant la vente et la possession de fleurs de chanvre, peu importe leur teneur en THC. Une décision prise en urgence, sans débat parlementaire, qui met en péril un pan entier de l’économie verte italienne et déclenche une vague de réactions de la part des professionnels, des associations et même de l’Union européenne. Chez CBD-BIO.fr, on décrypte pour vous les enjeux de cette interdiction qui risque de faire tache d’huile.
Une décision choc, prise sans débat
Le 31 juillet 2024, l’Italie a frappé un grand coup : un décret-loi, adopté sans passer par le Parlement, a immédiatement interdit la vente, la détention et l’utilisation des fleurs de chanvre, peu importe leur teneur en THC. Cette mesure soudaine et radicale reclassifie ces produits dans la catégorie des stupéfiants, annulant ainsi des années de développement autour du chanvre bien-être.
Sans débat public, ni consultation du secteur, le gouvernement italien envoie un signal fort… mais aussi très inquiétant.
Une industrie du CBD sacrifiée
Selon l’association Canapa Sativa Italia, ce décret menace directement plus de 3 000 entreprises italiennes actives dans la filière chanvre, représentant jusqu’à 30 000 emplois. Le secteur pesait environ 2 milliards d’euros, grâce à une dynamique d’innovation, de développement local et de valorisation du chanvre sous toutes ses formes : fleurs, extraits, cosmétiques, textiles, compléments alimentaires, etc.
C’est tout un écosystème, souvent vertueux et ancré dans les territoires, qui se retrouve brutalement mis à l’arrêt.
Une incohérence réglementaire flagrante
L’interdiction concerne toutes les fleurs de chanvre, y compris celles à faible teneur en THC (<0,3 %) et riches en CBD, pourtant autorisées au niveau européen. Cette décision va donc à l’encontre du droit communautaire, notamment de l’arrêt Kanavape de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui rappelle que le CBD n’est pas un stupéfiant, dès lors qu’il est extrait légalement dans un pays membre.
La Commission européenne a d’ailleurs ouvert une enquête sur cette décision unilatérale de l’Italie, qui pourrait créer une nouvelle fracture juridique au sein de l’UE.
Une régression idéologique
En pleine transition écologique, alors que le chanvre est reconnu pour ses vertus environnementales (peu gourmand en eau, capteur de CO₂, bon pour les sols), ce retour en arrière interpelle. Au lieu de soutenir l’agriculture durable, l’innovation dans le bien-être, ou encore la recherche médicale autour des cannabinoïdes, l’Italie choisit une posture de répression.
Pour les professionnels du secteur, cette mesure ne repose sur aucune base scientifique solide, mais plutôt sur une volonté politique de “sécurité” qui stigmatise à nouveau le chanvre.
Et maintenant ?
Ce décret pourrait faire jurisprudence… ou être invalidé. Des recours juridiques sont à prévoir, notamment au niveau européen. Mais pour l’instant, la décision est en vigueur, et plonge la filière dans l’incertitude.
Les acteurs du CBD, en Italie comme ailleurs, doivent aujourd’hui faire preuve de résilience et d’unité, face à une décision politique qui nie les réalités économiques, environnementales et sociales du chanvre.
Pourquoi cette décision maintenant ?
Plusieurs analystes évoquent une volonté du gouvernement italien actuel de durcir sa politique sécuritaire et d’envoyer un signal fort sur les questions de drogues. Mais en amalgamant chanvre légal et stupéfiants, l’État italien semble faire fi des connaissances scientifiques actuelles, des précédents juridiques européens, et des réalités économiques d’un marché en plein essor.